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Techniques de
manipulation des masses
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La planification
d'actions psychologiques
La planification est
un aspect essentiel de toute action psychologique. Les actions
doivent avoir des objectifs précis. La prochaine section aborde les
méthodes de planification de propagande et de désinformation, les
mesures d'efficacités des propagandes et les facteurs à considérer
lors de l'élaboration de propagande et de désinformation. Aucune des
sources consulté ne parlait de planification de mesures actives.
La première étape à toute action psychologique est la recherche de
renseignement (McLaurin, 1982). Celle-ci peut se faire grâce à des
techniques de recherche de marché (sondage d'opinion, etc.),
entrevue, interrogatoire ou de l'analyse de contenus de documents.
Ces techniques peuvent provenir de sources d'information variées :
- des renseignements humains (prisonnier de guerre, civil ennemi ou
allié, réfugié), de renseignements électroniques (écoute
électronique, interception de données informatiques), des documents
capturés, des experts ou par une revue de littérature (rapport de
renseignement, périodique/livres, propagande ennemie, média de
masse, études spéciales) (McLaurin, 1982).
La recherche de renseignement vise à :
1- définir les audiences clefs dans une population,
2- évaluer les attitudes et les motivations des gens,
3- analyser les vulnérabilités d'audience spécifiques et
4- déterminer le meilleur moyen d'atteindre ses objectifs (McLaurin,
1982).
La deuxième étape d'une propagande consiste à choisir le contenu du
message, les moyens de communications et les techniques utilisées en
fonction des objectifs, de la situation et de l'audience ciblée
(McLaurin, 1982). Il est important que le contenu du message soit
cohérent avec ce que les gens croient (Lerner, 1972). La troisième
étape consiste à planifier la logistique nécessaire et à transmettre
la propagande (McLaurin, 1982).
Le propagandiste doit tenir compte de plusieurs facteurs pour
élaborer son message. Ce dernier doit :
1- attirer l'attention,
2- être compréhensible par la cible,
3- ne pas l'offenser,
4- activer des besoins individuels et fondamentaux et
5- proposer une réponse pour une collectivité car les comportements
sont fortement influencés par son rôle et son groupe de pairs
(McLaurin, 1982). Les facteurs de persuasion sont les mêmes qu'en
publicité :
1- la source doit être crédible, prestigieuse et/ou similaire à la
cible ,
2- le contenu dépend des objectifs, mais il doit être semblable aux
attitudes de la cible ,
3- de façon générale, les masses médias sont plus efficaces et
4- l'audience cible doit être celui ayant les attitudes les moins
prononcées (Bloom, 1991 ; McLaurin, 1982).
Pour pouvoir faire une désinformation, il faut tout d'abord que les
renseignements obtenus démontrent que les cibles sont susceptibles a
être affectée par une désinformation. Cette susceptibilité provient
de :
1- une cible apte à être déformée,
2- un état d'esprit dans la population ou chez les dirigeants tel
qu'il acceptera la désinformation comme légitime,
3- une désinformation qui doit correspondre avec leur préconception
de la réalité ou leur mode,
4- avoir des canaux de désinformation crédible et bien établis et
5- la cible doit être convaincue que le désinformateur ne peut pas
l'atteindre (Montifroy, 1994).
Pour les services de désinformations Tchécoslovaques (Bittman ; voir
Volkoff, 1986), après le recueil de renseignement, les agents
faisaient des propositions de désinformations. Les meilleures
propositions étaient choisies en fonction des objectifs à long terme
et étaient transmises par : des agents de renseignement, des agents
doubles, des collaborateurs idéologiques ayant des postes influents
ou par du matériel délivré de façon anonyme.
La dernière étape consiste à mesurer les effets d'une action
(McLaurin, 1982). Les mêmes sources d'informations sont nécessaires
que pendant la première étape. En temps de paix, les études de
marchés sont simples à effectuer car elles sont faites sans crainte
de contrôle gouvernemental (Durandin, 1993). En temps de guerre, la
situation devient plus complexe à évaluer et plusieurs questions se
posent. Quel critère utiliser pour mesurer l'effet d'une action
psychologique, comment le mesurer et comment accéder à l'audience
ciblée (McLaurin, 1982)? Le problème devient encore plus obscur
lorsqu'on touche à la propagande militaire. La nature même de la
guerre empêche de dire si les effets observés sont dus à la
propagande ou bien tout simplement à l'action militaire (McLaurin,
1982). Les prisonniers de guerre sont souvent hostiles et refusent
de répondre à des enquêtes sur l'efficacité d'une propagande.
McLaurin (1982) propose que le propagandiste intègre un "agent
double" à l'intérieur des prisonniers pour avoir des informations
plus valides. Deux autres méthodes sont aussi proposées :
interviewer à fond un très petit groupe d'individus ressemblant le
plus à la population cible ou encore, questionner un "juge" qualifié
qui connaît bien la population et la culture cible. Il est à noter
que ces deux dernières méthodes comportent des biais.
Les effets de propagandes en temps de guerre peuvent être évalués de
façon quantitative ou qualitative (McLaurin, 1982). Des exemples de
critère quantitatif sont : le nombre de prisonniers de guerre, le
nombre de déserteurs, le temps pour effectuer un rappel de la
propagande, un sondage distribué aux prisonniers et le nombre de
pamphlets ou d'heures de diffusion effectuées. L'analyse de contenu
des communications ennemies, des interviews, des interrogatoires ou
l'analyse des lettres des prisonniers sont des exemples de critères
qualitatifs.
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