Un siècle d'erreurs sur l'origine de l'asthme !

On a tout dit sur l'asthme !

Et la rate, et le coeur, et la glotte, et le bec .... Alouette !

Sur le même air : "J'ai trouvé la cause de l'asthme ... arthritisme ; syphilis ; suralimentation ; intestin ; estomac ; appendice ; foie ; blessures de guerre ; gaz de combat ; tuberculose ; névrose ; déséquilibre des humeurs ; allergènes ; maladie environnementale ; inflammation ? ; pollution ; amour de la mère ; etc.
Ce sont toujours d'éminents professeurs qui ont affirmé, à chaque époque, qu'ils avaient trouvé les causes de cette pathologie. Ils ont imposé leurs idées, écrit de volumineux ouvrages, fait autorité en la matière ... mais leurs théories ont disparu avec eux. Aujourd'hui, la mentalité est exactement la même ; quelques "maîtres à penser médicalement correct", dont la notoriété doit plus à leurs relations privilégiées avec l'industrie pharmaceutique qu'à leurs réelles compétences, imposent leur dictat à toute la profession médicale.

Retour dans le passé

Après avoir longtemps considéré que la cause de l'asthme était due à l'obstruction des bronches par des sécrétions épaisses et filantes on en vint à une autre théorie : la névrose des centres respiratoires bulbaires (Brissaud, G. Sée 1885). Puis on en vint à considérer qu'il avait pour origine une intoxication, soit alimentaire soit décharge d'acide urique, etc (Schemmer, Bouchard, Brugelman, Huchard).
Puis ce fut la goutte et la diathèse arthritique mais malgré ces conceptions, la cause de l'hyperexcitabilité des centres pneumogastriques restait aussi mystérieuse que les facteurs qui les mettaient en branle. On en fit des conclusions tout de même :

  • "L'arthritisme serait une auto-intoxication et celle-ci serait elle-même la conséquence de toutes les intoxications et de toutes les infections" (Miranda)
  • "Tout asthme sous entend une infection ou une intoxication" (Moncorgé)
  • "Il est la conséquence d'une intoxication alimentaire par suralimentation ou alimentation vicieuse" (Maurel et Pascault)
  • "Il est la manifestation d'une insuffisance hépatique légère" (Glénard)
  • etc.

On découvrit l'anaphylaxie et la conception de choc qui permit de : "démolir définitivement la théorie de l'asthme névrose" et " qui confirmait la justesse des théories anciennes de l'hyperexcitabilité bulbaire" (F. Claude).

Nous sommes en 1926, l'asthmatique est considéré comme "un individu déséquilibré dans ses humeurs, dans son système neurovégétatif et ayant un appareil respiratoire fragile, il est capable de réagir par une crise d'asthme à des influences innombrables qui se groupent en trois classes principales : épines irritatives, décharges toxiques et substances choquantes".

On mit en avant une théorie "L'hypervagotonie" des asthmatiques qui permit d'entrevoir une approche thérapeutique fonctionnelle.

On entreprit l'étude d'une vagotonie constitutionnelle par :

  • "la voie du réflexe oculo-cardiaque" (Heckel, Ségard, F. Claude, Castelnau, Galup)
  • "la voie pharmaco-dynamique" (P. Valléry-Radot, J. Haguenau, A. Dolphus)

Hélas, "cette théorie était loin de correspondre à la généralité des cas comme on l'avait cru primitivement" (F. Claude)

En 1926, les causes de l'asthme étaient les suivantes :

  • "lésions traumatiques des poumons suite à des blessures de guerre"
  • "lésions provoquées par des gaz de combat" (Loeper, Cordier, Daydé)
  • "séquelles d'affections pulmonaires aigües", "emphysème", "tuberculose" (Laennec, Pidoux, Guénau de Mussy, Trousseau, G. Sée, Jacobson, Pujade, Bard, Aslanian, Schemmer et surtout Landouzy)
  • "la syphilis" (Cézary, Alibert, Oualid, Herme)
  • "l'estomac" (Leven, Percepied, Küss, Knapp)
  • "l'intestin" (Moncorgé, Leven)
  • "l'appendice"(Rochet, Delagenière et surtout Guttmann)
  • "le foie" (Heckel).

Et la rate, et le coeur, et la glotte, et le bec .... Alouette !

A titre de curiosité et pour démontrer qu'il existe une étroite corrélation entre l'époque des études sur les allergènes et le mode de vie, nous allons les énumérer pour 1926 :

  • "les squames de cheval, les plumes de poules, de canard, d'oie, de pigeon, la laine, les poils de chats, de chien, de lapin, de lièvre, de porc, d'âne, de mule, de vache" (Hutinel)

Eh oui, la majorité des gens vivaient en milieu rural à cette époque !

Parmi les protéines animales on citait :

  • "les oeufs, le lait, plus rarement les crustacés, les poissons, les viandes (surtout le boeuf), les escargots, etc."

Parmi les protéines végétales on citait :

  • "les pollens, la rose, la pomme de terre, les pois, les haricots et les lentilles".

On citait aussi des substances médicamenteuses :

  • "l'ipéca, l'aspirine, l'antipyrine, le pyramidon et la farine de lin".

Aujourd'hui

On ne parle plus de tout cela mais on en est resté au même concept d'allergène en le transposant sur : "les acariens, les blattes, etc." (G. Pauli), ce qui veut dire que n'ayant toujours pas trouvé (officiellement) la cause de l'asthme et ne sachant pas le guérir, on se permet de l'intituler "maladie environnementale" (G. Pauli) et l'on soigne cet environnement à défaut de soigner le patient.
D'autre affirment que tout vient de l'intestin (tout comme en 1926, Moncorgé et Leven) se permettant des articles dans des revues grand public, en ayant traité 10 cas dont la moitié sont : soit des échecs soit un peu améliorés.

Bien sur, si l'on place l'asthmatique dans une bulle stérile, si on ne lui fait absorber que des aliments ne contenant pas les allergènes auquel il est sensible, si on ne le contrarie pas trop, si sa mère ne l'étouffe pas par son amour, s'il ne fait aucun effort, si on ne le fait pas rire, s'il n'a pas une bronchite, s'il peut pousser son cri dans la jouissance (Sic : Trojman psy de grande renommée), s'il prend bien ses corticoïdes, ses broncho-dilatateurs, et... Il ne fera plus de crises !

Autrement dit, la médecine n'a fait aucun progrès depuis 100 ans !

Le seul, en 1926, qui envisagea la possibilité de mise en oeuvre des deux systèmes, sympathique et parasympathique, fut E. Sergent qui dit :

  • "La prépondérance du pneumogastrique dans la crise d'asthme peut tenir à l'inhibition passagère du sympathique"
  • "C'est donc tout le système d'innervation de l'appareil respiratoire et surtout du poumon qui est perturbé, il y a bien déséquilibre vago-sympathique".

Curieusement, il existait un traitement opératoire (Freund) qui consistait à réséquer (couper) les cartilages costaux des asthmatiques avec d'heureux résultats, une autre, consistant à réséquer les ganglions sympathiques cervicaux, etc.

Tout a été envisagé, sauf d'examiner le principal : la structure thoracique !

Depuis 1984, j'ai mis en évidence :

  • le rôle joué par le ganglion stellaire dans sa relation avec le système immunitaire
  • le rôle du système sympathique du plexus pulmonaire dans l'apparition de la crise d'asthme
  • l'épine irritative située dans l'articulation chondro-costale sub-luxée (tiens donc, l'opération de ce cartilage était efficace) puisqu'une pression rythmique exercée sur celui-ci déclenche immédiatement la crise
  • la présence d'un point réflexe sur le nerf intercostal opposé qui permet de faire cesser la crise en quelques secondes de massage.