1999 - Mexique : l'aventure

Compte rendu de formation

Voila, c'est fait, 7 praticiens sont formés au Mexique !
Et ce n'est pas fini, ils ne sont que les premiers d'une future longue liste.
C'est une très belle histoire que je vais vous raconter.
 

Il était une fois

un petit enfant de 7 ans très asthmatique qui vivait dans un petit village du Mexique.
Ses parents étaient très inquiets de le voir faire autant de crises qui nécessitaient parfois de l'hospitaliser lorsqu'elles étaient trop fortes.

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Note : C'est ce petit garçon qui a rassemblé toutes nos énergies pour avoir le droit de vivre normalement.

Le voici 7 ans plus tard

11 ans après, il va devenir chirurgien

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Son Papa, qui se prénomme Francisco, découvrit un jour l'existence de mon site et se décida à m'adresser un courrier pour me demander comment faire pour soigner son fils.
Il pensait que je ne lui répondrait pas ; mais il s'était trompé car je lui ai répondu aussitôt.
Comment soigner son fils, alors que 10 000 Km nous séparent ?
Inutile de vous dire que ni l'un ni l'autre n'avions les moyens financiers pour organiser cette opération !

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Francisco me remettant un cadeau

  Il fallait quand même trouver une solution, nous avions fait le premier pas, il fallait en faire un second.
Une idée me vint à l'esprit : je lui suggérait donc de se débrouiller pour trouver un ou deux praticiens qui voudraient être formés à mes techniques et de trouver également une vingtaine de personnes ayant des enfants asthmatiques ou eux mêmes dans cette situation.
Le but de l'opération était de partager entre eux tous les frais occasionnés par mon déplacement pendant une semaine et je lui avait dit que quel que soit le nombre des praticiens à former le prix serait le même.
Francisco me répondit immédiatement qu'il allait essayer.
Quelques temps plus tard, il m'annonçait qu'il avait trouvé deux praticiens, 20 personnes et réuni une partie de la somme nécessaire. Il en manquait, mais j'avais décidé d'y aller et rien ne m'empêcherai de le faire.

Le hasard n'existe pas, ou alors il fait bien les choses !

Un de mes patients, originaire des Îles Canaries, qui était venu se faire soigner et qui avait vu ma page où je recherchais des mécènes, me posa des questions sur ce besoin de financement.
Je lui expliquai donc "pourquoi" j'avais besoin d'aides : aller former des praticiens dans des pays dont le niveau de vie très bas ne leur permettait pas d'avoir accès à mes techniques (pas plus qu'aux médicaments dont le coût les ruine un peu plus). Je lui expliquai également qu'il ne fallait pas leur apporter "du tout rôti" comme le font les organisations dites humanitaires, mais qu'il fallait qu'ils s'implique un peu, dans la mesure de leurs possibilités, et que le reste serait offert par des donateurs.
Mes explications terminées, il me demanda combien il manquait pour effectuer cette mission ?
Je lui dit : 1000$ et lui me dit "d'accord, je vous fait le virement dès que je suis rentré chez moi" !
 

Le soir même, j'écrivais à Francisco pour lui dire "j'arrive, tout est réglé". Je ne vous décrit pas sa joie, vous pouvez l'imaginer. Il restait des problèmes à résoudre, me libérer rapidement, faire fabriquer des tables de travail, etc.
Mais c'était sans compter sur Francisco, débrouillard comme pas un, en un rien de temps tout fût mis sur pied ... plus aucun problème.
Il avait convaincu le Docteur Ricardo Rojas Lucero, propriétaire d'une clinique à Huixquilucan, de me mettre des locaux à disposition pour les formations et les soins ; logé sur place (pas un seul hôtel) et nourri sur place (cuisinier).

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Docteur Ricardo
Rojas Lucero

J'ai donc fixé les dates, du 11 au 19 Octobre, et j'ai effectué le voyage.

Entre temps, j'avais téléphoné à une personne, originaire du Mexique et résidant en France, dont j'avais soigné le fils asthmatique, pour lui annoncer cette bonne nouvelle. Quelle ne fût pas ma surprise de l'entendre me dire "je pars avec vous, vous ne parlez pas l'espagnol, je vous servirai d'interprète pendant tout votre séjour". C'est vrai, je ne parle pas l'espagnol, mais qu'à cela ne tienne, on peut toujours se débrouiller du fait que je le comprend un petit peu et on aurait bien trouvé sur place quelqu'un qui comprenne un peu le français.
Je me suis dit, encore une fois que le hasard n'existait vraiment pas !!
Tout était résolu, tout était en place pour la réalisation de mon rêve.

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Lucia Arellano

Je suis donc parti le Lundi 11 pour ma grande aventure
L'arrivée à Mexico City est impressionnante, une mégapole de 30 millions d'habitants et un aéroport très fréquenté où arrivaient des avions venant de partout à une cadence infernale. Un parcours du combattant pour trouver la sortie, contrôle d'immigration, récupération de mon bagage, contrôle des douanes et ... j'aperçus une grande pancarte jaune "Jacques, bienvenue à Mexique", tenue par un petit homme très costaud dont le sourire se fendait jusqu'aux oreilles.
Le temps de sortir du dernier contrôle, de m'engager dans le méandre de balises qui canalise la sortie ... Lucia qui vient vers moi, m'embrasse, m'entraîne vers deux gaillards hilares et me voila pris dans de vigoureux "abrazo" remplis d'affection.
Je passe les détails sur l'heure et demi de voyage pour arriver à 2800 m d'altitude dans le petit village de Huixquilucan.
Accueil émouvant et installation dans une grande chambre dont les meubles avaient été prêtés par un fabricant local (très beaux). Souper et au lit pour récupérer 18 heures de voyage (ouf!).
Le matin, après un copieux déjeuner, découverte des deux tables fabriquées de façon irréprochable, conformes en tout point au plan que j'avais adressé, joint à un email.
Une salle aménagée avec des sièges d'étude et pleine de monde pour assister à mon exposé : médecins, chirurgien, anesthésiste, infirmières, thérapeutes manuels, etc. plus un journaliste local.

En fait, j'avais 7 praticiens à former !

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Lucia, mon interprète bénévole à effectué les traductions de façon remarquable, dans les deux sens et plus de 12 heures par jour (ce qui est un exploit, même pour un professionnel).

Note : (photo)

Démonstration de la palpation des articulations chondrocostales subluxées chez l'asthmatique et preuve devant des médecins de leur existence constante.
Ils ont vu 45 patients présentant tous les mêmes subluxations.
Ils ont également pu constater au stéthoscope :
- la présence du spasme bronchique avant la séance
- sa presque disparition dès l'instant où les côtes ont été remises en place
- sa disparition totale à la fin de la séance ainsi qu'une respiration absolument normale.
J'ai pu ainsi traiter un enfant déclaré perdu par les médecins qui l'avaient examinés la veille de mon arrivée. Les résultats ont été identiques !

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Ensuite, l'après midi et le lendemain, l'apprentissage s'est fait sur des patients tous porteurs de pathologies respiratoires lourdes.

Ma surprise a été grande en découvrant avec quelle habileté et quelle rapidité ils étaient capables d'assimiler mes gestes et ma technique, au point que je décidai de former deux équipes séparées et de les laisser travailler seuls, assurant tout de même un contrôle final qui se révélait parfait chaque fois. Les équipes se sont soudées, c'est ce qui a donné la dynamique de tout le groupe. (sur la photo, il manque Ana, dite "Super Ana" tellement son habileté était grande)

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"Super Ana" en plein travail

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Le Samedi soir, ils étaient TOUS opérationnels et parfaitement aptes à travailler sans moi ; j'avais gagné et j'étais très fier d'eux et de la qualité de leur travail !
Dimanche petite visite de Mexico, musée d'art moderne, basilique de la vierge de Guadalupe, bain de foule, retour en altitude où l'air est beaucoup plus pur ... bien que rare pour quelqu'un qui vit au niveau de la mer (essoufflé au moindre effort).
On a fait des montagnes de projets, très réalistes et très simples en tenant compte du contexte et du niveau de vie du pays et on décide de recommencer l'expérience dans quelques mois et dans un autre village ; surtout qu'un généreux donateur nous a offert de payer les voyages et de nous mettre une maison à disposition (on peut être riche et généreux, c'est très rare mais ça existe). Il manquera des fonds, mais nous les trouverons, c'est une certitude.

Je pense que c'est du bon travail, concret, ciblé et utile mais qui doit sa réalisation à des efforts de la part de toute une équipe et à des valeurs qui se font bien rares de nos jours : la Solidarité (Docteur Ricardo Rojas Lucero), la Générosité (Léo Bohnke, mécène), le Courage d'oser l'impossible (Francisco) et l'Amour de son prochain (Lucia).

Qu'ils en soient tous remerciés !

Jacques

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